Le fléau du greenwashing
L'agrivoltaïsme envahit les Aspres dans les Pyrénées-Orientales et artificialise l’un des derniers terroirs sauvages du Sud-Ouest de la France
Les « Aspres » sont un territoire caillouteux, sauvage et aride formant les premiers contreforts du Mont Canigou, dans les Pyrénées-Orientales catalanes. Nombre de vignobles s'y sont développés, recouvrant un tiers des surfaces de la Communauté des Communes. Sous la bienveillance du Mont Canigou, enneigé une grande partie de l’année, les collines se parent de vignes, de champs d’oliviers et de garrigues. Au loin, les reflets de la mer Méditerranée scintillent, et c’est ce côté sauvage qui attire les touristes ! Les pratiques viticoles se basent sur une culture raisonnée en favorisant les méthodes culturales « douces » donnant naissance à l’AOP de la région. La structure économique est dominée par des PME dépendant de cette harmonie territoriale.
Pourtant celle-ci est menacée par des dizaines d’hectares de panneaux agro-photovoltaïques (AV) qui viendront cacher le Canigou. En effet, la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables permet aux multinationales de coloniser les Aspres tout en profitant d'énormes subventions. Le fait que le déploiement de ces infrastructures agro-photovoltaïque soit, pour l'instant, non réglementé est favorable au greenwashing.
La série de photo prise au mois de janvier 2023 expose un paysage défiguré par les installations agrivoltaïques.
Ici, la culture intensive à l'architecture massive et symétrique dénote avec la mosaïque traditionnelle des parcelles plus modestes pratiquant la culture biologique et raisonnée.
À lire, l'article de mon co-auteur : «Tout le monde déteste Sun'Agri» de Loïc Santiago, paru en décembre 2022 dans l'Empaillé, journal indépendant de la région Occitanie.
La lutte contre l’AV menée par les gens des Aspres s’annonce dure et longue. Célia s'occupe d'un centre équestre. Voisine des parcelles où Sun'Agri a déposé 2 permis de construire, elle y bloque le chemin d’accès. « Avec le centre équestre, je vais me retrouver à faire des balades à cheval dans le photovoltaïque. Cela détruit tout le paysage que j’essaye de promouvoir avec mes ballades au cœur des Aspres. Sun'agri a tout rasé. Ils ont enlevé les vieilles vignes, ils ont arraché des chênes de 3-4 mètres. Il y avait tout un écosystème là-dedans ».
Force est de constater que le déploiement de l'AV se voulant économique et durable s'avère également être autant ravageur pour la biodiversité que pour le tourisme local.